Portrait d'un condamné à mort.

Ô rage! démons! malédiction! Il faudrait des mois pour percer ce mur avec des outils, et je n'ai ni un clou, ni une heure!

En réfléchissant un peu, je ne peux pas être aussi hideux que les autres qui ont vécu leurs derniers moments ici. Ces hommes musclés, aux visages déformés, couverts de cicatrices. Je ne suis ni hideux, ni sordide. Je n'ai jamais commis de crime aussi atroce, aussi cruel que tuer quelqu'un d'innocent ou quelqu'un qu'on aime.

Pourquoi donc suis-je là? Entouré de criminels? de tueurs? Cela fait tellement longtemps que je n'ai pas vu des arbres, ou des fleurs, ou même un miroir. Je me demande à quoi je dois ressembler.

Avant mon emprisonnement, j'avais les cheveux mi-longs, bruns et les yeux bleus. Ma femme m'avait toujours dit qu'ils brillaient plus que la pleine lune. Maintenant, ça ne ma choquerait pas si ils étaient gris et sombres, sans espoir.

J'ai une barbe, maintenant. Sans moyens de se raser, c'est ce qui arrive. Lorsque j'étais libre, je me rasais au moins deux fois par semaine.

Ô que la liberté me manque! Il ne me reste plus qu'attendre ma mort pour être libre et libéré. Libéré de ce cachot, de cette isolement infernale, de cet emprisonnement physique et psychologique.

J'ai l'impression que je suis déjà enterré mais encore vivant, attendant la mort inévitable: Je ne peux pas m'échapper de ce tombeau, je ne peux pas changer l'avis des personnes qui m'ont jugé, qui m'ont condamné, je ne peux rien faire pour changer mon destin.

Il n'y a plus d'espoir.