Message in a bottle

‘’Does it run in your blood to betray the ones you love ?’’ – Papa Roach, Blood

Miami (US), Printemps 2010

Il n’était jamais allé à Miami. Personne ne lui disait de bien de cette ville, d’ailleurs, mais puisque cela semblait faire tellement plaisir à Michelle, il essayait de se convaincre également que ça allait être « une semaine de folie ».

En réalité, il avait eu d’autres projets pour cette semaine de pseudo vacances. Le groupe avait besoin de s’entraîner s’il voulait faire quelque chose de potable pour la fête de la ville, au retour des vacances.

Il ?
Brian Haner, vingt ans, vivant à Huntington Beach (Californie), guitariste dans un petit groupe de quartier nommé Avenged Sevenfold.

Depuis que Michelle et lui étaient ensemble, il se sentait obligé de faire tout ce qui était en son pouvoir pour la rendre heureuse, pour qu’elle se sente comblée.

Elle semblait si enthousiaste à l’idée de répondre à l’invitation de sa chère et tendre amie vivant à Miami, qu’il n’avait pas su quoi répondre si ce n’est n’importe quoi assimilable à un « oui ».

Quelques préparatifs et quelques heures d’avion plus tard, les voici tous deux, patientant sagement à l’aéroport, pour que la fameuse amie vienne les chercher.

« Tu vas voir, Bri, ça va être fan-tas-tique !! »

« J’veux bien te croire babe, mais si ta copine nous a oublié, c’est mal barré. »

« Roh lala, toujours à voir le mauvais côté des choses ! Allez, souris un peu, elle va arriver, j’en suis sûre ! »

« Si tu le dis »

Il essayait de ne pas montrer son impatience grandissante, il ne voulait pas gâcher l’enthousiasme de sa chère et tendre.

Il fallait bien avouer qu’elle était belle, avec son sourire énorme et ses reflets blonds dans sa chevelure brune.
Cette fille était son âme, une partie de lui-même sans qui il ne pourrait pas vivre.
Alors son bonheur et ce sourire valaient plus que quelques longues minutes d’attente, non ?

Cette technique d’auto persuasion semblait être assez efficace, mais tout de même, au bout d’une heure et demie, la patience de Brian arriva à ses limites.

« Ouais, euh, bon, copine ou pas, on va tout de même pas rester planter là pendant le reste de la journée. J’appelle un taxi pour aller à l’hôtel le plus proche. »

Alors que Brian faisait les cents pas un peu plus loin, Michelle souriait…

Michelle’s POV

Jusqu’ici, son plan marchait très bien, et ce petit corniaud de Brian agissait parfaitement en ce sens.
Il avait pourtant réussi à la surprendre : une heure et demie de patience, c’était un score record !
Le principal était tout de même, qu’il finisse par décider qu’ils iraient loger à l’hôtel. Cet hôtel…

Normal POV

Le taxi se gara devant l’entrée de l’hôtel.
Brian se chargea des bagages tandis que Michelle remerciait le taxi.

La réceptionniste avait un sourire chaleureux. Bien que niais.

‘’Bonjour, que puis-je faire pour vous ? ‘’

‘’Une chambre, je ne sais pas combien de temps nous allons rester’’

‘’Bien. La 310, troisième étage à gauche.’’, dit-elle en tendant une clé, et un autre sourire niais.

‘’Merci’’

Tous deux montèrent, et suivirent les indications de Miss Potiche.

La chambre donnait sur la rue, mais le fait qu’elle soit en hauteur réduisait le bruit des pots d’échappement, klaxons et autres noms d’oiseaux échangés entre automobilistes de mauvaise foi.

‘’Bah ça va, ça aurait pu être pire !’’
Brian haussa les sourcils à l’enthousiasme de sa petite amie.

‘’Mais c’était pas comme ça que je comptais passer mes vacances. Je savais que c’était une mauvaise idée…’’

‘’ On vient à peine d’arriver, Bri ! Tu verras, je suis sûre que tu vas adorer Miami ! ‘’

‘’ Peut-être, mais ça commence mal.’’

‘’Oh mais j’en ai marre de ton pessimisme à la con. C’est pas parce que tout ne va pas dans le sens que tu voudrais que c’est forcément moins bien, ou mal ou je ne sais quoi ! Faudrait que tu grandisses, un peu !‘’

‘’ Peut être que je suis pessimiste, mais ce n’est pas moi qui aie fait un caprice digne d’une mouflette de cinq ans pour venir ici !’’

‘’Eh bien, tu sais quoi, t’aurais dû rester là-bas, si tu es si déçu que ça !’’

‘’QUOI ?!’’

‘’Qu’est ce qui te prend à crier si fort ?’’

‘’ Nan mais attends, c’est une blague ! Tu as passé un mois à me sermonner tous les jours pour qu’on vienne ici et finalement tu penses que j’aurais dû rester là-bas ? ‘’

‘’Je ne pensais pas que ta mauvaise humeur allait tout gâcher, voilà !’’

‘’Pff, bah moi et ma mauvaise humeur on va s’aérer un peu. Ça te fera des ‘vraies vacances’, comme ça !’’

Il reprit sa veste et ses lunettes de soleil et sortit, en claquant la porte, évidemment.

Brian POV

Il prit la direction de la plage, et marcha à quelques pas des vagues.

Il avait toujours eu une bonne intuition. Il aurait dû la convaincre de ne pas venir dans cette ville de malheur ! Résultat, ils s’étaient encore disputés. Et dire qu’il comptait sur ces quelques jours loin de tout pour raviver cette petite étincelle qui avait disparu depuis bien longtemps.

Depuis quelques mois, il avait beau essayer de la faire rire, de se démener pour la rendre heureuse, rien n’y faisait. Elle ne faisait que de se plaindre de son caractère, de ses erreurs…

Pourtant il l’aimait, si fort que ça lui faisait mal.
Il aurait aimé lui dire qu’il était désolé, que tout allait bien se passer, qu’ils passeraient de merveilleuses vacances et que rien au monde ne pourrait entraver la beauté de cette semaine.

A vrai dire, il lui aurait menti, car jamais il n’aurait pu se détendre dans cette ville trop agitée. Mais il aurait lui aussi aimé y croire, à ces paroles rassurantes.

Il regarda sa montre : cela faisait déjà trois quarts d’heures qu’il était parti.
Oh et puis merde ! Qu’est-ce que ça lui coutait de s’écraser pour une fois ? Ne pouvait-il pas laisser simplement glisser ce qui l’énervait pour rendre Michelle heureuse et l’autoriser à avoir cette semaine de vacances qu’elle désirait tant ?

Il n’en fallut pas moins pour qu’il fasse demi-tour en direction de l’hôtel.
Les quelques derniers cents mètres, il se surprit même à courir.

Sans adresser un regard à Miss Potiche, il grimpa les escaliers, enjambant les marches quatre à quatre.

Il ralentit son rythme avant d’arriver au troisième étage.

Il allait ouvrir la porte quand il entendit du bruit, provenant de l’intérieur de la chambre.
Il reconnut la voix de Michelle. Peut-être avait-elle appelé sa mère ?
Certes, ce n’était pas moral, mais il décida d’écouter ce qu’elle racontait.

Michelle POV

Eh bien ça avait été plus simple que prévu !

C’était triste à dire mais elle savait parfaitement comment énerver son si dévoué et gentil Brian.
Haha, il ne reviendrait certainement pas avant la nuit, mais heureusement, elle avait prévu d’autres occupations pour tuer le temps jusqu’au retour de son … son quoi déjà ? Ah oui, petit copain.

Pour l’heure, elle ne devait plus penser à ce nigaud mais se concentrer sur les activités qu’elle et Steffen avaient programmées.

Steffen ? Oh, juste une simple connaissance avec qui elle avait suffisamment d’affinité pour s’envoyer en l’air. D’ailleurs, elle n’avait pas le souvenir d’avoir fait autre chose que cela en sa compagnie. Amusant.

‘’Tu vois, je t’avais dit que ça allait marcher.’’

‘’Ouaip’. Ce crétin de Brian a vraiment bien réagit à mes petits stratagèmes. Du coup, TADAM, parti. Cela veut-il dire que nous avons une chambre d’hôtel pour nous tous seuls ?’’

‘’Hmm, selon mes calculs c’est à peu près ça, oui’’

En l’espace de quelques secondes, Michelle avait eu le temps de bondir, car il n’y a pas d’autre mot, plaquant Steffen sur la moquette rose foncé et poussiéreuse de la chambre d’hôtel.
Toutefois, l’intéressé semblait ne pas être une proie téméraire et ne montrait, par conséquent, pas de signe de protestation notable.

‘’ Ça va, tout se passe bien, j’vous dérange pas ?’’

Michelle reprit sa respiration et écarquilla les yeux avec horreur. Elle regarda par-dessus son épaule et se mordit les lèvres.

‘’Br ...Brian...Je ...vois que tu es rentré…Tu..tu es là depuis longtemps ?’’

‘’Sans déconner.’’

‘’Bon, j’vais aider Steffen à se relever hein...la moquette est tellement glissante ici, c’est fou.’’

‘’Oui, ..oui, et du coup pour te faire pardonner de la non adhérence de la moquette, tu t’es sentie obligée de glisser au même endroit que l’autre tapette et de lui dévorer la bouche en guise d’accueil chaleureux ?’’

‘’Enfin Brian ! Ce n’est pas du tout ce que tu crois !’’

‘’Non, bien-sûr ce n’est pas ce que je crois. Laisse-moi te dire une chose : le crétin, il se tire ! Et il ose surtout espérer qu’une pétasse telle que toi ne remettra plus jamais les pieds chez lui !’’

Il récupéra son sac, à côté du lit, et sortit de nouveau de la chambre.

‘’Brian, enfin ! Laisse-moi t’expliquer, chouchou…’’

L’intéressé se stoppa net. Il se retourna lentement et regarda Michelle dans les yeux.

‘’ Ne. T’avise. Plus. Jamais. De. M’appeler. Comme. Ça.’’

Michelle leva les yeux au Ciel, et s’avança vers Brian, enroulant ses bras autour de son cou.

‘’Bri…’’

Avec une moue de dégoût, Brian repoussa les bras de Michelle, celle-ci tombant en arrière.

‘’Oh ! Comment oses-tu ?!’’

‘’Et toi ? Comment tu oses me faire venir ici pour pouvoir t’envoyer en l’air avec le branquignole ?! ‘’

‘’Je t’ai dit que ce n’était...’’

‘’ARRETE TON CIRQUE ! J’en ai marre que tu me racontes la même chose en boucle depuis tout à l’heure. Assume un peu tes conneries, merde ! Mais il n’y a plus de Bri, de Chouchou, ni de quoi que ce soit qui tienne. C’est fini, Michelle. Et j’en suis le plus malheureux des deux je pense. Je me contrefous de comment tu vas finir ta journée, ta semaine, ta vie. Je veux juste que tu disparaisses de la mienne. ‘’

Il rentra une dernière fois dans la chambre et s’adressa à Steffen :

‘’Quant à toi, si ton nez et ton bras ne sont pas encore cassés, c’est parce que j’en veux actuellement plus à elle qu’à toi, et parce que je sais que très bientôt tu te retrouveras dans la même situation que moi aujourd’hui. J’te souhaite bien du courage avec cette nymphomane !’’
Et cette fois il partit, courant dans les escaliers sans se retourner. Des larmes vinrent malgré lui inonder ses joues rougies par la colère.
Il ne pouvait pas reprendre l’avion maintenant, il avait besoin de se défouler.
Il réemprunta le chemin de la plage et, une fois arrivé, posa son sac …quelque part. Cela n’avait aucune importance. Il pleura à chaude larmes. Pourquoi pleurait-il ? Il ne pleurait jamais ! Au divorce de ses parents il n’avait pas pleuré, lorsque ses grands-parents sont décédés, il n’avait pas pleuré. La dernière fois qu’il avait pleuré, c’était à la mort de Jimmy, son meilleur ami. Alors pourquoi pleurait-il pour cette pétasse immorale ? Parce que malgré toute la haine qu’il pouvait ressentir à ce moment précis, elle restait la seule femme dont il était tombé réellement amoureux. C’était donc ça, l’Amour, celui tant chanté par Matt, et celui on associait tant de jolies phrases ? Cela se résumait à ça : des larmes et de la colère ? Des cris et un cœur qui hurle à la mort ?
S’il avait su, il s’en serait bien passé !
Maintenant, tout ce dont il avait besoin…c’était d’un …bar.
Pour oublier.
♠ ♠ ♠
Décidément, les jeunes gens ont la vie dure dans mes histoires ^^
Cela vous as-t-il plu, au moins :) ?
Un grand merci à ceux qui posteront des commentaires x]