Message in a bottle

« Does anyone around me feel the same ? » , Papa Roach, Take me

Cela faisait maintenant trois jours que Sarah avait lâché cette bouteille dans l’océan.
Elle se demandait si quelqu’un, quelque part, pouvait avoir lu son message.
Mais bientôt cette bouteille et son contenu passèrent en arrière-plan dans les pensées de la jeune fille.
Elle n’était pas retournée au lycée, depuis cette tragique journée.
Le Principal avait d’ailleurs appelé, cherchant à joindre la mère de Sarah.
Evidemment, son appel fut infructueux.

Sarah ne savait pas quoi faire.
Sa raison lui hurlait de ne pas tout gâcher, de retourner au lycée pour poursuivre sa brillante scolarité, être diplômée, et toutes ces choses qui font la fierté des parents.
A l’inverse, son cœur lui murmurait de rester chez elle, seule, loin des regards hautains, hypocrites ou méprisants, loin de Jake et de Barbie, loin de tout.

Sarah savait que sa mère aurait souhaité qu’elle continue à vivre, qu’elle soit forte et ne baisse pas les bras.
Mais Sarah avait perdu toute conviction envers ces principes raisonnés, et toute motivation d’une manière générale.

Alors elle restait ici, dans cette maison qui avait toujours été la sienne, et qui renfermait tant de souvenirs douloureux.
Elle errait, de pièce en pièce, regardait des photos et pleurait.
Elle ne mangeait plus, ou très peu, mais buvait un thé de temps en temps.

Ce matin, pourtant, elle décida de prendre l’air et de marcher dans la rue, sur la plage, ou peu importe.
Il lui fallait seulement respirer un air neuf.

Elle descendit sa rue, toujours plongée dans ses pensées mélancoliques, et atteignit la plage.
Elle retira ses chaussures, et commença à marcher le long des vagues.
Il faisait frais, mais c’était justement cette fraîcheur saisissante sont Sarah avait besoin.
La plage était pratiquement déserte, c’était une chance.
Seuls un petit garçon et une femme, sa mère ou sa nourrice, jouaient avec le va et vient des vagues.
Le garçon était radieux. Il n’avait sans doute pas plus de six ans et une confortable insouciance émanait de son petit corps.

‘’Maman, maman, regarde la bouteille !’’

Sarah ne put s’empêcher de relever la tête, à l’entente du mot « bouteille ».
Etait-ce sa bouteille qui avait une sorte de chemin inverse et rejoint la rive ? Si c’était le cas, personne d’ici ne devait lire ce qu’elle avait écrit.

Elle regarda attentivement l’enfant, qui ramassait ladite bouteille.
Un soupir de soulagement s’échappa des lèvres de Sarah lorsqu’elle aperçut non pas sa bouteille verte, mais une bouteille de bière quelconque, certainement abandonnée ici par un ivrogne du coin.

« Pose ça, mon chéri, ce n’est pas propre, et tu risques de te couper. », répondit la mère à l’enthousiasme de son enfant.

« Mais maman, je vais pas me couper : la bouteille elle est fermée ! Et puis d’abord y a quelque chose dans la bouteille, un papier ! »

« Ça suffit Matéo, tu poses cette bouteille et on s’en va ! »

« Mais Maman ! », protesta le garçon, les yeux presque suppliants.

« Il n’y a pas de mais ! », cria la mère en agrippant le poignet du petit garçon.

Ils s’éloignèrent, jusqu’à quitter la plage, hors de la vue de Sarah.

Celle-ci s’approcha, curieuse, de la bouteille abandonnée.
Le gamin avait raison, il y avait un papier plié à l’intérieur.
Sans doute un délire improvisé d’une bande d’ivrognes éméchés…

Toutefois Sarah entreprit de sortir le fameux papier de sa…prison alcoolisée...

Une fois l’opération achevée, elle se mit à lire les quelques mots griffonnés.
A sa grande surprise, c’était de l’anglais.

« Chère Sarah,

Certes, je ne vous connais pas, mais les règles de politesses veulent que vous me soyez chère… Passons…

Je n’ai aucune idée de ce pourquoi je vous réponds. D’ailleurs il y a de fortes chances pour que vous ne soyez pas Sarah, je me trompe ?
Quoiqu’il en soit, je n’ai rien à perdre à répondre, même si vous n’êtes qu’un(e) inconnu(e) qui se demande ce que je raconte…

Sachez que vos mots m’ont laissés perplexe, puisque je vis actuellement une période difficile, tout comme vous.

Je n’ai plus envie de rien, si ce n’est de quelque liqueur pour me faire tourner la tête.

Soyez courageuse, et dîtes vous qu’un jour votre tour viendra, et que les moments chaleureux de notre vie n’auraient aucune valeur si nous ne connaissions pas des moments de malheur.
Facile, mais vrai.

Brian.
Fait à Miami, de l’autre côté de votre atlantique. »

Sarah était sous le choc. Là, vraiment, ça commençait à ressembler de plus en plus à un scénario de téléfilm bidon.
Pourtant, les faits étaient là : quelqu’un avait bel et bien lu sa prose, et avait même daigné lui adresser quelques mots en retour.

Elle relut la lettre.
Comment se faisait-il que ce Brian arrivait à l’émouvoir sans même relater explicitement les causes de son mal être ?
Pourquoi avait-elle envie de mieux connaître cet inconnu qu’elle ne rencontrerait jamais ?
Cela n’avait aucun sens.
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Okay, c'était un peu court comme chapitre, mais je pense qu'il était nécessaire de se stopper ici.
Dîtes-moi ce que vous en pensez, si jamais vous lisez ceci !